Nostalgie affûtée
Le soleil calcine les trottoirs en verre,
il y a un arôme intense de jasmin et de salpêtre.
Je peux l'aspirer. Je sais
que c'est un magnifique jour d'été.
Et toi tu n'es pas là.
J'essaie de ne pas arrêter de faire les choses
qui toujours m'inondaient de joie.
Cependant, je sens maintenant
que le temps est une ligne vide de contenu.
Ils tournent devant moi
les visages familiers de tous mes amis
en me parlant du temps, de travail,
du coût qu'ont les comestibles,
de combien ont grossi certains ex – maris.
Je les entends de loin,
leurs voix sont
un murmure monotone absent de ta voix.
Défile face à moi
le cours de la vie,
je l'observe comme une succession d'absurdes photogrammes
étrangers à mon esprit.
Un chien passe et il a des restes
du mot futur entre les dents.
En ce même instant,
moi je hais les montres qui n'avancent pas
dans le sens contraire,
je hais la manière dont tu as de remplir
le monde de ton ombre.
Surtout je déteste
avoir à me résigner
à ce que la vie fixe parfois un prix
que je ne peux payer.